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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/182

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les patriotes, craignant une déscente, cognaient les cloches pour rassembler leur monde, et leurs soldats paraissaient bientôt rangés en bataille ; nous cédions cependant au courant, et n’avions pas l’air de vouloir guerroyer. Mais se rappellent apparement, l’incartade du Vicomte de Mirabeau, qui vint avec une douzaine d’hommes, mettre à contribution un village de leur côté : ils paraissaient déterminés à ne plus le laisser faire impunément *.


Le Vicomte de Mirabeau, était un homme d’un caractère entièrement opposé à celui de son frère le Comte de Mirabeau, à qui j’ai donné le nom de Romulus.

Le Vicomte, était ce que nous appellions, un bon vivant, brave comme son épée, joyeux, jovial et bon compagnon ; il avait des reparties uniques, qui quelques fois même, embarrassaient l’éloquence de son frere, dont il était le plus grand antagoniste dans l’assemblée.

ll était un peu adonné au plaisir de la table, et cette disposition jointe à sa grosse taille, lui avait fait donner le surnom de Mirabeau Tonneau. Le Romulus, qui au contraire était fort sobre, le voyant un jour, un peu gai, lui dit, " mais mon frère comment pouvez vous, vous exposer ainsi ...." mais mon frere " lui dit l’autre, " la nature a fait entre nous, un partage fort inégal, elle vous a donné tous les vices et ne m’a laissé que celui là, ne voulez vous pas encore encore me l’envier."

Dans le commencement des troubles, sa loyauté ne lui permettait pas, d’endurer patiemment, les rêveries philosophiques des déclamateurs: il leur cherchait querelle et se battait souvent; dans une de ces occcasions, après qu’il eut tiré son coup de pistolet, son adversaire tira en l’air ; surquoi devenant furieux, il le menaça sérieusement de l’assommer s’il ne l’ajustait ; l’autre chargea son pistolet, tira et lui enleva une boucle de cheveux et la peau, " à la bonne heure dit le Vicomte, je vois bien que vous me visiez." Son frere le sachant blessé vint le voir et parut le plaindre .... " il y a (lui répondit il, d’une voix faible) quelque chose de consolant dans ma situation, c’en que je suis bien sùr, que je n’aurai jamais la même inquiétude pour vous."

Apres que tout parut décidé contre les royalistes, le Vicomte fut t’établir à Ethéneim dans les états du Cardinal de Rohan, à quelques lieues de Strasbourg où avec l’aide du Marquis de la Ferrroniere, il réussit à former une légion, à laquélle