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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/187

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partage de ses terres, et ne se serait pas armé avec lui, pour les lui conserver.

On pourra demander, avec quelque apparence de raison, comment pour sauver le roy, les émigrés se rendaient à cent cinquante lieues de sa personne.

Cette objection ne serait point frivole, si l’on ne se rappellait que les différentes entreprises près la personne du roy, avaient toutes echouées au moment de l’exécution, par son manque de fermeté et de résolution, et ceux qui les avaient formés, où en étaient les acteurs, avaient été abandonnés et livrés aux outrages et aux affronts de la multitude. Dans des circomstances pareilles, il ne réstait donc à la noblesse d’autres parti, que celui de se réunir autour de l’étendard royal, et c’était à Coblence qu’il était déployé.

Le seul tort semble, d’avoir choisi le point de rassemblement hors du royaume, et de s’être uni avec leu puissances étrangeres pour attaquer la France. Mais ce n’en pas à l’individu isolé à faire la loi, ni à un simple soldat à dire à son général, qu’il aime mieux être là, qu’ici. Si la faute ett à quelqu’un, ce n’est certainement pas aux émigrés qui ont eut beaucoup plus de peine à se rendre à Coblence, que si le rendez vous eut été dans l’intérieur.

L’opinion en faveur de l’émigration était si générale, qu’il arrivait par bandes des gentils-hommes de toutes les provinces et souvent sans aucun moyen de subsistance ; les gens riches croyaient faire beaucoup, que de se munir du quart de leur revenu ; j’en ai connu, qui avait passé avec assez d’argent, pour les conduire au rendez-vous et pas une