Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/188

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obole pour se maintenir après ; en un mot c’était un vertige inéxprimable : ceux qui étaient arrivés les premiers, prenaient une éspéce de ton de supériorite sur les nouveaux venus : on distinguait les émigres de six mois de deux mois et les nouveaux arrivés. Les personnes qu’on soupçonait avoir eu quelques opinions, contraires à celles généralement reçues parmi les émigrés étaient très maltraités, j’en sais même plusieures qui ont été forcées de se retirer, et qui n’ont pas pu avoir l’honneur d’être émigré *.


Le Prince de St. Maurice par éxemple, colonel du régiment dans lequel j’étais, homme faible peutêtre et entiché des idées modernes, mais honnête homme d’ailleurs, doux, modéré et vertueux, fut à Coblence quelques tems après Monsieur, à la maison duquel il était attaché ; quoique cet acte semble être une rétractation formelle, des principes qu’il avait soutenu quelques temps: on ne voulut pas le recevoir et on le traita si mal, qu’il fut obligé de partir et de retourner a Paris où il a depuis été guillotiné.


C’est à regret, que je cite ceci, mais c’est une vérité malheureusement trop incontestable, et qui, je n’en doute pas, a été la cause de bien des maux, en fermant la porte au repentir.

Cette folie au surplus, n’est pas particuliere aux Français émigrés : je l’ai plus d’une fois rencontré chez l’étranger : n’ai-je pas entendu appeller Jacobins, ceux qui n’approuvaient pas aveuglément la conduite du ministere ; certaines personnes aussi, (peutêtre pour avoir l'aie zélées auprès des gens en place), m’ont plusieures fois cherché des querelles d’Allemand, et m’ont fait l’amitié de me déclarer démocrate, parce que je ne me souciais pas de me faire Quiberonner où que je refusais