Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/22

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avait servi comme volontaire dans la guerre d’Amérique, et s’était plusieurs fois fait dire par ses amis, que sa tête exaltée finirait par tomber sur un échaffaud, dont les autrichiens l’ont sauvé par la suite, en le claquemurant. Le second, homme sans mœurs, méprisé généralement pour différens petits tours qu’on pourrait appeler escroqueries, venait d’être employé par Mr de Calonne dans un emploi subalterne de diplomatie à Berlin ; apparemment peu satisfait de son Mécêne, il écrivit un mémoire sanglant contre lui, ainsi qu’il l’avait fait autre fois contre son pere et sa mere, qui plaidaient en séparation *.


Mirabeau sortant d’une maison de correction, où ses folies l’avaient fait loger pour quelque tems, apprit que son pere et sa mere plaidaient en séparation ; il va trouver le premier, aprouve sa juste colere, et offre de faire son mêmoire, moyennant cent louis, qu’il reçoit en le reméttant ; la dessus il va trouver sa mere, et lui fait le même offre qui fut pareillement accépté.


Heureux, si ses grands talents eussent pu être employé, en faveur de la cause qu’il a attaquée, car les deux lui étaient, ce semble, assez indifférentes, pourvu qu’il fut exposé a la vue du public, et qu’il dirigeat la machine : aussi les novateurs s’en sont servis pour l’accomplissement de leurs desseins, mais lors qu’il a paru pencher, pour rendre l’autorité au roy, dont il eut vraisemblablement été le ministre, ils l’ont traité comme Romulus, en forçant tous les Français à porter son deuil.

Mr. de Calonne repondit à ses mémoires, et en fit un dans lequel il en appelait au peuple, contre l’injustice des accusations qu’on portait contre lui. Les bureaux du Duc de Bourbon, et du prince de Conti, se plaignirent avec raison de