Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/221

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étaient obligés dans cette saison, de défendre aux paysans d’apporter des melons au marché, sous peine de confiscation. Les Prussiens venant d’un pays à qui la nature a refusé presque toutes sortes de fruits, et qui vraisemblablement voyaient des melons et des raisins pour la premiers fois, tomberent dessus avec une avidité incroyable. Ils ne tarderent pas à se ressentir dans les plaines de la Champagne, des excès qu’ils avaient commis près de Verdun.

Le roy de Prusse et le Duc de Brunswick, jugerent à propos de les laisser douze quinze jours près de cette ville, et cela donna le temps à Dumourier de joindre sa petite armée avec celle de Kellerman. L’armée du Duc de Brunswick se trouvait alors entre les deux, dam un pays difficile et montagneux, dont il eut été aisé d’occuper les passages ; l’on eut pu empêcher cette union de s’effectuer, avec autant de facilité que Dumourier en a eu à la faire, par la complaisance de nos bons amis, qui semblent aussi avoir été les siens.

On faisait courir des bruits étranges parmi nous ; tantôt les patriotes entourés de toutes parts, ne pouvaient échapper ; tantôt ils avaient mis bas les armes, et le roy venait en personne se mettre à la tete de la noblesse, &c.

Le surlendemain d’une petite action où les patriotes furent maltraités, on nous mit en mouvement quoique durant les séjours, les réflexions sombres ne nous laissassent pas tranquilles, le moindre mouvement ranimait nos espérances, et nous crumes encore une fois, marcher sans autre délai sur Paris. On avait laissé Dumourier s’emparer de la forêt d’Argonne, et il l’occupait encore : On nous fit rebrousser