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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/237

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permit d’élever une batterie à deux cent toises de la citadelle sans la moindre molestation, donna ordre à l’officier qui en vint sommer le commandant, de se retirer sans parler, en cas qu’il fut Autrichien : mais étant Prussien, il se présenta, et en fut comme chacun sait, parfaitement reçu. Cependant les émigrés qui étaient dans la ville, n’étaient point du tout informés que l’armée dut se retirer, et présumaient que le roy de Prusse protégerait la ville, et y prendrait ses quartiers. Toutes fois l'évêque se doutant de quelque chose, écrivit m’a-t-on dit, an roy de Prusse, lui demandant s’il était sùr, pour lui et les autres émigrés retournés, de rester dans la ville ; sa majésté répondit assurre-t-on fort briévement, "Autre temps, autre maniere de voir et d’agir." La dessus l’évêque et les autres, prirent leur parti, et profiterent promptement du peu de temps qui leur restait, pont s’échapper à la suite de l’arriere garde Prussienne. Le grand nombre d’entre eux se sauva à pied, laissant derriere eux tout ce qu’ils pouvaient avoir. Je sais des dames très riches, qui firent ainsi la moitié du chemin à la suite des Prussiens et enfin à dix où douze lieues d’Arlon, trouveront quelques misérables charettes, sùr lesquelles elles arriverent.

Les mêmes circonstances occurerent à la réddition de Longwi, quoique plus en petit ; la seule chose remarquable, c’est que l’officier qui prit possession de la place, se plaignit qu’il y avait deux canons de moins, que quand la place avait été prise, et que le roy de Prusse fit répondre qu’on les avait transporté à Luxembourg, mais qu’il les renverrait, ce qu’il fit efféctivement.