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Page:Latocnaye les causes de la révolution.djvu/50

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Sous prétexte de cette égalité et fraternité maçonnique, les officiers aux gardes ne tarderent pas à s’appercevoir, que leurs soldats prenaient quelques fois avec eux, des tons insolens


est requise dans tous les différes degrés, depuis les philosophes inconnus, les chevalliers errans, princes souverains de l’univers, jusqu’au novice qui pour la premiere fois fait son entrée dans la loge et se soumet aveuglément à toutes les épreuves bizarres, que la folie, ou la gaité des anciens compagnons peuvent imaginer.

Je commence par déclarer, que si j’ai eu l’honneur de voir la lumiere, je n’ai pas passé le soeuil du temple, et dans une loge où j’en suis bien sur, on ne pensait qu’au plaisir, et où les assemblées étaient des bals charmans ; le secret important qui m’a été confié, je le garderai avec soin et en cela, je n’aurai pas grand peine. Je suis bien aise d’en faire la declaration, afin de ne pas effaroucher les vénérables, et avoir une occasion de leur offrir mon respect profond.

Plusieurs savans se sont donnés beaucoup de peine, pour connaitre l’origine de la franc maçonnerie ; les uns, ont prétendu que les Juifs à la captivité de Babylone étaient convenus entre eux, de quelque signes particuliers, pour pouvoir se reconnaitre parmi leurs vainqueurs ; d’autres que les Chrétiens du tems des persécutions, avaient fait le même accord, puis apres les défaites qu’ils éprouverent durant les croisades, &c. &c. quoique toutes ces opinions ne soient pas invraisemblables, je ne m’arrêterai pas à les discuter, et ne parlerai seulement que de ce qui a rapport à mon objet principal.

J’ai entendu dire, que lorsque l’ordre des templiers eut été détruit et que ses principaux chefs, entre autres le grand maitre, eurent été éxécutés et brulés vifs à Paris, convaincus disait-on, d’un grand nombre de crimes dont le plus grand semble avoir été leur richesses. Les chevaliers, dispersés par toute l’Europe, obligés de se soumettre à la force qui leur enlevait leurs biens et menaçait leurs personnes, animés par le désir de la vengeance et par celui, (encore plus naturel aux malheureux) de se communiquer les uns aux autres, de se voir, de se parler, se plaindre en liberté et enfin se rendre les bons offices que la société leur refusait, réussirent à former des assemblées secrettes dans quelques endroits retirés de la France, et de l’Allemagne.

Ils se donnerent des signes, et un mot qui devait changer tres souvent, afin de se reconnaitre ; ils s’engagerent par les serments les plus solemnels, à ne jamais divulguer ce qui se passerait parmi eux : ils établirent des cérémonies emblématiques, toutes ayant rapport à l’événement qui acheva leur ruine, où marquant leur desir de vengeance et leur éspérance d’une réstoration prochaine.