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trop tôt. Il ne l’écoute guère, et lui désobéit à peu près impunément.

En parlant du père, on ajoute fréquemment les épithètes qui signifient : sévère, redoutable, et impliquent un profond respect. Au contraire, on joint au nom de la mère les mots : « tsa-tsin, tsa-tang, » c’est-à-dire : bonne, indulgente, qui n’est pas à craindre, etc. Cette différence a certainement sa racine dans la nature ; mais, exagérée comme elle l’est en ce pays, elle devient un abus déplorable.

Le fils ne doit jamais jouer avec son père, ni fumer devant lui, ni prendre en sa présence une posture trop libre ; aussi dans les familles aisées, y a-t-il un appartement spécial où il peut se mettre à l’aise et jouer avec ses amis. Le fils est le serviteur du père ; souvent il lui apporte son repas, le sert à table et prépare sa couche. Il doit le saluer respectueusement en sortant de la maison et en y rentrant. Si le père est vieux ou malade, le fils ne le quitte presque pas un instant et couche non loin de lui, afin de subvenir à tous ses besoins. Si le père est en prison, le fils va s’établir dans le voisinage, afin de correspondre facilement avec lui et de lui faire parvenir quelques soulagements ; et quand cette prison est celle du Keum-pou, le fils doit rester agenouillé devant la porte, à un endroit désigné, et attendre ainsi jour et nuit que le sort de son père soit décidé.

Quand un coupable est envoyé en exil, son fils est tenu de l’accompagner au moins pendant tout le trajet, et, si l’état de la famille le permet, il s’établit lui-même dans le lieu où son père subit la condamnation.

Un fils qui rencontre son père sur la route, doit lui faire de suite la grande génuflexion et se prosterner dans la poussière ou dans la boue. En lui écrivant, il doit se servir des formules les plus honorifiques que connaisse la langue coréenne.

Les mandarins obtiennent fréquemment des congés plus ou moins longs afin d’aller saluer leurs parents, et si, pendant qu’ils sont en charge, ils viennent à perdre leur père ou leur mère, ils doivent donner de suite leur démission pour s’occuper uniquement de rendre au défunt les derniers devoirs,