Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On prend quelquefois des tigres au piège, dans des fosses profondes recouvertes de feuillage et de terre, au milieu desquelles est planté un pieu aigu ; mais ce moyen, si simple, et sans danger aucun pour le chasseur, n’est que rarement employé. Pendant l’hiver, quand la neige est à demi gelée, assez forte pour résister au pied de l’homme, elle cède encore aux pattes du tigre, qui s’y enfonce jusqu’au ventre et ne peut en sortir. Souvent alors on en tue à coups de sabre ou de lance.

Les chasseurs coréens ne tirent jamais au vol. Ils s’affublent de peaux, de plumes, de paille, etc., et se tapissent dans quelque trou pour tromper les animaux qui viennent à leur portée. Ils savent contrefaire parfaitement les cris des divers oiseaux, particulièrement celui de faisan qui appelle sa femelle, et par là réussissent à prendre beaucoup de ces dernières ; mais leur chasse principale est celle du cerf. Elle n’a lieu qu’au moment où ses bois se développent, c’est-à-dire pendant la cinquième et la sixième lune (juin et juillet), parce qu’alors seulement ces bois se vendent à un prix très élevé. Les chasseurs, au nombre de trois ou quatre au plus, battent les montagnes plusieurs jours de suite, et quand la nuit les force à s’arrêter pendant quelques heures, ils ont un instinct admirable pour retrouver la piste de l’animal, à moins que la terre ne soit trop desséchée. D’ordinaire, ils l’atteignent avant la fin du troisième jour et le tuent à coups de fusil. Cette chasse, quand elle réussit bien, leur donne de quoi vivre pendant une partie de l’année, et l’on cite des individus qui par ce moyen ont acquis une petite fortune.

Les Coréens sont âpres au gain ; pour se procurer de l’argent, tous les moyens leur sont bons. Ils connaissent très peu et respectent encore moins la loi morale qui protège la propriété et défend le vol. Néanmoins, les avares sont peu nombreux et ne se trouvent guère que parmi les riches de la classe moyenne ou les marchands. En ce pays, on appelle riche celui qui a deux ou trois mille francs vaillant. En général, ils sont aussi prodigues qu’avides, et aussitôt qu’ils ont de l’argent, ils le jettent à pleines mains. Ils ne songent alors qu’à mener grand train, bien traiter