Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/139

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générale, que le Coréen habite sous le chaume ; car les maisons couvertes de tuiles sont si rares soit dans les villes, soit dans les campagnes, qu’on ne pourrait en compter une sur deux cents. On ne connaît pas l’art de construire, pour les maisons, des murs en pierre, ou plutôt, la plupart du temps, on n’a pas assez de sapèques pour une telle dépense. Quelques arbres à peine dégrossis, quelques pierres, de la terre et de la paille en sont les matériaux ordinaires. Quatre piliers fichés en terre soutiennent le toit. Quelques poutrelles transversales, auxquelles s’appuient d’autres pièces de bois croisées en diagonale, forment un réseau et supportent un mur en terre pétrie de huit à douze centimètres d’épaisseur. De petites ouvertures, fermées par une boiserie en treillis et recouvertes, faute de verre, d’une feuille de papier, servent à la fois de portes et de fenêtres. Le sol nu des chambres est couvert de nattes bien humbles, si vous les comparez aux nattes de la Chine ou de l’Inde ; la misère forcera même souvent à se contenter de cacher le sol sous une couche de paille plus ou moins épaisse. Les gens riches peuvent tapisser ces murs de boue d’une feuille de papier, et pour remplacer les planchers et des dalles d’Europe, ils colleront au sol des feuilles de papier huilé. Ne cherchez pas des maisons à étages, c’est inconnu en Corée.

« Mais pénétrons dans l’intérieur, et d’abord ôtez vos sandales : l’usage et la propreté l’exigent. Les riches gardent leurs bas seulement, les paysans et les ouvriers sont ordinairement pieds nus dans leurs chambres. Une fois entré, tâchez de ne pas heurter la tête contre la terre pétrie et les branchages qui forment le plafond ; accroupissez-vous plutôt sur la natte et gardez-vous de chercher un siège, car le roi lui-même, lorsqu’il reçoit les prostrations de sa cour, est accroupi sur un tapis, les jambes croisées à la façon de nos tailleurs. Peut-être désirez-vous prendre des notes sur les curieuses choses que vous voyez ? Inutile de demander une table, les Coréens n’en ont que pour les sacrifices et pour les repas. Mettez donc votre calepin sur le genou, et écrivez comme si c’était pour vous une habitude que vous trouvez toute naturelle et très commode.