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une position comme médecins de la cour. Ailleurs, on peut rencontrer de loin en loin quelques praticiens capables, à qui une longue expérience a enseigné le véritable usage des remèdes locaux ; mais ces hommes sont de rares exceptions, et l’immense majorité des médecins de province ne sont que des charlatans sans études et sans conscience, qui pour toutes les maladies possibles emploient chacun une drogue spéciale et toujours la même, et ne prennent jamais la peine de voir les malades qu’ils traitent.

On prétend que l’on a, en Corée comme en Chine, certains remèdes très efficaces contre diverses maladies, entre autres une potion qui dissout les pierres et calculs de la vessie et guérit cette terrible maladie sans aucune opération chirurgicale.

Mgr Ferréol, troisième vicaire apostolique de Corée, après de longues souffrances qui l’avaient réduit à l’extrémité, fut guéri de la pierre par un médecin chinois. Mais la formule de ce remède est un secret soigneusement gardé par ceux qui le possèdent. La règle générale est de donner les remèdes en potion ; les exceptions sont rares.

On fait bouillir ensemble jusqu’à vingt ou trente espèces de plantes, et on mêle à la décoction diverses matières plus ou moins sales et rebutantes, dont on ne cherche, d’ailleurs, aucunement à déguiser le nom sous un travestissement scientifique. Les confortants sont d’un usage continuel. Le plus ordinaire est le consommé de viande, que les Coréens excellent à préparer. Il y en a deux autres qui méritent une mention particulière : le gen-seng, dont nous avons parlé plus haut, et la corne de cerf.

La corne de cerf a, dit-on, des effets restauratifs plus durables que le gen-seng ; sa force varie selon la région où vit l’animal. Les Coréens estiment peu celle qui vient de Chine ou des provinces septentrionales (Ham-kieng et Pieng-an) ; la meilleure est, disent-ils, celle qui provient du Kang-ouen ; encore fait-on une distinction entre les différents districts de cette province. Le cerf doit être abattu au moment où les bois croissent, et avant qu’ils soient durcis, autrement les effets du remède seraient nuls. On coupe la tête de l’animal, et on la maintient renversée pendant