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ainsi à examiner et discuter soigneusement tous les systèmes connus de philosophie et de religion. Chacun, dans ces conférences, apportait ses arguments appuyés sur les livres où il les avait puisés. Par hasard il se trouva que, dans ces livres apportés de la Chine, étaient semés quelques fragments de la doctrine chrétienne, pillés sans doute dans nos livres de religion par les philosophes de la Chine. Ce fut la lumière pour ces cœurs droits, généreux. Ravis du peu qu’ils purent découvrir du christianisme, ils se promirent en se séparant de conformer désormais leur conduite aux préceptes de cette doctrine.

Fidèle donc à sa résolution, Piek-i, de retour à sa maison, change complètement tous ses anciens usages religieux. Le voilà qui se prosterne, chaque jour, pour adorer le Créateur du monde ; il observe le septième jour de la semaine, fait pénitence, réforme ses mœurs ; en un mot, il tâche en tout de se conduire, d’après ce qu’il avait pu saisir dans les conférences de la pagode. Un tel genre de vie devait attirer l’attention de tous ; les uns blâmèrent, les autres apprécièrent différemment une conduite si extraordinaire. Tel était Piek-i avant sa conversion : âme vraiment d’élite et toute préparée à recevoir la divine lumière de la vérité.

La divine Providence, quelques années après, combla enfin ses ardents désirs d’une manière inattendue. C’était l’époque d’envoyer à Pékin l’ambassade annuelle. Cette année 1783, son ami, Ni Seng-houn-i, devait en faire partie. L’occasion tant désirée se présentait donc de tirer de la Chine, d’une manière tout à fait sûre, et les livres et les enseignements qui lui manquaient sur la vraie religion.

Dès qu’il eut appris cette bonne nouvelle, Piek-i accourut chez le futur ambassadeur pour le féliciter de son bonheur. Puis, lorsqu’il lui eut parlé avec entraînement de tout ce qu’il savait déjà du christianisme, il l’engagea vivement à mettre à profit son voyage pour s’instruire davantage.

« Vois donc, lui dit-il dans son ardeur, ton voyage à Pékin n’est-il pas providentiel ? Pour moi, j’en suis certain, le divin Maître du Ciel a enfin pitié de nous, puisqu’il te choisit entre