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IV

COLOMBE KANG, MARTYRE (1801)

Colombe Kang naquit dans la province de Naï-po, d’une famille de demi-nobles. C’est ainsi que l’on appelle en Corée ceux dont la noblesse a été ternie par une mésalliance. Toutefois ses parents avaient conservé tous les privilèges des grandes familles : son père portait le bonnet de crin, signe distinctif d’une haute noblesse, et pouvait aspirer aux charges et aux emplois secondaires du royaume.

Colombe était douée d’une nature supérieure ; son esprit pénétrant et avide de connaître la portait à l’étude des livres chinois qui traitaient de philosophie et de religion, et l’éducation qu’elle reçut de son père, jointe aux belles qualités de son cœur, la distinguait de toutes ses compagnes. Elle avait un grand désir de devenir vertueuse, embrassait dans ce but toutes les pratiques religieuses des bonzes, et elle eut même la pensée de tout abandonner pour vivre dans la solitude d’une pagode.

À peine sortie de l’enfance, elle fut donnée, selon les usages du pays, en mariage à un homme d’égale noblesse, déjà veuf, d’un caractère bien différent et d’une éducation très négligée. Son esprit borné, sa volonté faible et ses manières dures et grossières étaient une source de peines pour cette jeune fille si distinguée,

Si ses parents l’eussent consultée, le choix de Colombe ne se