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religion chrétienne et les exhortait avec tant d’éloquence à se faire baptiser, que son mari lui disait naïvement :

« C’est vrai ; oui, tout ce que tu nous dis là est très vrai ! »

Seulement lorsque les ennemis de la nouvelle doctrine en parlaient mal devant lui, vilipendaient ses saintes pratiques, cette âme faible applaudissait avec la même conviction à leurs haineuses paroles. Colombe le reprenait alors avec énergie, lui reprochait son peu de courage et sa versatilité d’esprit. Le pauvre homme avouait ses torts, quitte à recommencer de plus belle à la prochaine occasion.

La belle-mère de Colombe fut plus docile que son fils. Elle voulut embrasser une religion dont sa belle-fille pratiquait les vertus d’une manière si aimable. Sa seule difficulté était d’abandonner le culte des ancêtres. En vain, Colombe lui démontrait-elle la vanité et l’absurdité de semblables superstitions, la vieille païenne ne pouvait ni surmonter ses préjugés d’enfance ni renoncer aux tablettes vénérées. Colombe priait Dieu d’éclairer cette âme. Un jour que sa belle-mère balayait avec soin la salle où sont déposées les tablettes, un fracas terrible se fit entendre qui ébranla toute la maison sans qu’on pût en savoir la cause. Elle court tout effrayée se réfugier dans les bras de Colombe et abjure sans retour toutes ses vaines superstitions. Peu après cette conquête, le père et la mère de la jeune femme se convertissaient, aussi, et plus tard tous deux firent une fin très édifiante.

On était en 1791, et plusieurs confesseurs de la foi gémissaient dans les fers, victimes de la persécution qui essayait ses forces contre les chrétiens. Colombe, dont le courage croissait avec le danger, se dévoua à porter elle-même à la prison de la nourriture aux confesseurs. Son audace fut punie bientôt, car on l’arrêta et on la conduisit au gouverneur. Celui-ci, frappé de la fermeté de la courageuse chrétienne, pensa qu’il ne gagnerait rien à la tourmenter, et il la renvoya sans même lui parler d’apostasie,

Son mari, effrayé par le zèle et l’attachement que Colombe montrait pour la religion, craignit de se trouver compromis dans de fâcheuses affaires. Pour se disculper donc aux yeux de ses amis païens, il la renvoya de sa maison.