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forte que Dieu avait placée auprès du berceau de l’Église coréenne.

Plusieurs jeunes filles résolurent à imiter Colombe dans sa conduite et ses bonnes œuvres. L’une d’elles, Agathe Ioun, avait, de son propre mouvement, voué à Dieu sa virginité. Mais, en Corée, une jeune fille n’étant pas libre de ne pas se marier, comme elle craignait de rencontrer des difficultés à l’exécution de son vœu de la part de ses parents, elle prit des habits d’homme, trempa les siens dans du sang et s’enfuit à la capitale chez un oncle. Sa mère crut qu’un tigre avait dévoré la jeune fille, et elle la pleura amèrement. Agathe longtemps après revint cependant à la maison paternelle. Elle tint bon contre les murmures et les prières de sa famille, et, ne songeant qu’à l’affaire de son salut, elle partit pour la capitale avec sa mère. Elle y fut témoin du supplice de son cousin Paul Ioun et obligée de se tenir cachée pour éviter d’être saisie. Enfin elle se retira auprès de Colombe, qu’elle aidait dans l’éducation des jeunes filles.

La mortification d’Agathe était très grande, et Dieu sembla la récompenser par des faveurs spéciales. Elle raconta au prêtre des visions qu’elle avait eues, craignant d’être le jouet du démon, visions que celui-ci paraissait regarder comme des indices de sa vertu. Elle était très dévote à sa patronne sainte Agathe, et s’écriait quelquefois :

« Que je serais heureuse si, un jour, je pouvais être martyre comme elle ! »

L’autre compagne de Colombe s’appelait Bibiane Moun. Dès l’âge de sept ans, sa beauté et son intelligence précoce avaient frappé l’attention des émissaires du palais, chargés de recruter les jeunes filles pour le service de la cour. Elle fut élevée avec soin dans le palais du roi, et, comme elle écrivait très bien, on lui confia les écritures.

Ces jeunes filles du palais, quoique vouées par état à une perpétuelle continence, sont néanmoins exposées à de grands dangers au milieu d’une cour toute païenne.

La mère de Bibiane, qui était chrétienne, se désolait de la