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« Mon fils, lui cria-t-elle, prends courage : Jésus-Christ est au-dessus de ta tête et te regarde. Ne t’aveugle point et ne va pas te perdre. Encore une fois, courage et songe au bonheur du ciel ! »

Fortifié par cette exhortation maternelle, Philippe tint bon et reçut quelques mois plus tard la couronne du martyre.

Le juge fut touché de la jeunesse de Bibiane et de sa virginale beauté :

« Comment, dit-il, toi qui fus élevée dans le palais avec tant de soins, peux-tu suivre aussi une religion si mauvaise et prohibée par le roi ? Veux-tu donc aussi mourir dans les supplices ?

— Je désire, répondit Bibiane, de tout mon cœur donner ma vie pour le Dieu que je sers. »

Le mandarin fut bien surpris de trouver tant de fermeté dans une si jeune fille : il résolut d’en triompher par tous les moyens de séduction qui étaient en son pouvoir. Mais, voyant qu’ll n’avançait en rien par la douceur, il la fit mettre à la torture et ordonna qu’on la frappât sur les jambes à coups de bâton. Le sang qui jaillissait des blessures de la courageuse martyre se convertissait en fleurs et s’élevait dans les airs, d’après une pieuse tradition. Ce prodige frappa de stupeur le mandarin : il défendit aux satellites d’en dire un mot au dehors de la prison, sous les peines les plus sévères.

Agathe Ioun imita, elle aussi, le courage de ses compagnes, et avec une égale patience elle supporta les mêmes tourments. Tant de vertus et de fermeté auraient dû attendrir des juges moins cruels, ou du moins les faire réfléchir sur la nature d’une religion capable de produire de pareilles héroïnes. Mais la haine aveugle qui les animait les fit, au contraire, passer par-dessus tous les usages du pays. Ils condamnèrent au dernier supplice, comme des rebelles de la pire espèce, ces pauvres jeunes filles dont tout le crime était leur innocence de vie et leur attachement à la foi de leur baptême.

Quelques jours auparavant, Colombe avait appris la fin glorieuse du P. Tsiou. Fidèle à la mémoire de son cher maître