Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Pékin chercher un guide ; en attendant, je resterai caché dans la maison de quelque chrétien. »

« Cet avis fut adopté.

« Le 3, à minuit, tout le monde disparut ; les uns allèrent à Pékin, les autres retournèrent à Nankin, et moi je restai enfermé nuit et jour dans une chambre. »

Que vous semble d’un voyage à travers la Chine, dans de telles conditions ? Ne révèle-t-il pas un zèle ardent, un courage à toute épreuve, une inébranlable persévérance ?

Enfin, le 8 octobre 1834, deux ans et vingt-six jours après avoir quitté la mission de Siam, Mgr Bruguière retrouva M. Maubant à Sivang, en Tartarie.

Les deux apôtres passèrent une année dans ce village, occupés à préparer leur entrée en Corée. L’affaire ne marcha pas aisément ; sous une impression de craintes non justifiées, les Coréens, après avoir tant de fois demandé des missionnaires, écrivaient que leur présence déchaînerait une nouvelle persécution, et que le temps n’était pas favorable.

Étonné et inquiet de ces dires, n’y accordant qu’une médiocre confiance, et toujours plus désireux d’évangéliser le pays dont il était le premier pasteur, Mgr Bruguière imposa silence aux timidités de ses guides, releva leur courage par son courage plein de foi, et, le 7 octobre 1835, il quitta Sivang.

Trois semaines plus tard, le courrier qui devait apporter la nouvelle de son entrée en Corée, annonça sa mort.

L’évêque, arrivé à Pie-li-Kiou le 20 octobre, était tombé soudainement malade ; il était mort le même jour, une heure après, assisté d’un prêtre chinois.

Le rôle de Mgr Bruguière était rempli au moment où les hommes affirmaient qu’il commençait : Dieu l’avait suscité pour faire accepter la Corée par les missionnaires français et pour leur en montrer la route. Ces choses providentielles ne se voient qu’après événement, mais elles se voient, et personne ne saurait les nier.