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VIII

EN CORÉE. — UN PAUVRE HOMME

En apprenant cette fin soudaine, Maubant alla rendre les derniers honneurs à son évêque ; puis il continua sa route et il traversa les plaines et les forêts de la Mandchourie, se dirigeant vers le fleuve Ap-nok-Kang, qu’il devait franchir près d’I-tchou (Eui-tjyou.)

La douane de cette ville est très redoutable ; en quittant le royaume, les voyageurs y reçoivent un passeport qui indique non seulement leurs noms, surnoms, généalogie, profession, etc., mais encore la cause de leur voyage et la quantité d’argent qu’ils emportent pour faire le commerce ; à leur retour, ils doivent présenter ce passeport et prouver, par un bordereau de leurs marchandises, que les prix réunis équivalent à la somme primitivement déclarée.

À l’époque du voyage de M. Maubant les eaux étaient gelées, circonstance favorable qui permettait de traverser le fleuve au détour le plus obscur.

Une heure avant d’arriver sur les bords de l’Ap-nok-Kang, les voyageurs commencèrent à prendre les plus minutieuses précautions.

Le missionnaire se revêtit d’un habit de toile fort grossière, d’un capuchon ne lui laissant à découvert que les yeux, le nez et la bouche, enfin d’un grand chapeau en forme de cloche, sur-