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le voisinage des tigres. Le cancrelat ronge la superficie de la peau, et y fait une plaie plus gênante et plus longue à guérir qu’une écorchure ordinaire. Ces animaux, beaucoup plus gros que les hannetons, se multiplient avec une rapidité prodigieuse, et le proverbe coréen dit : « Quand une femelle de cancrelat ne fait que quatre-vingt-dix-neuf petits en une nuit, elle a perdu son temps. »

Le climat de la Corée est assez sain, mais l’eau, insipide partout, est, dans plusieurs provinces, la cause d’une foule de maladies. Le plus généralement, ce sont des fièvres intermittentes, qui durent plusieurs années. Quelquefois l’eau cause des scrofules, des accidents nerveux, l’enflure démesurée d’une des jambes, rarement des deux à la fois. Dans certains districts, elle produit une vieillesse prématurée ; les dents tombent, les jambes s’affaiblissent, les ongles des doigts se décharnent et arrivent à couvrir presque toute la première phalange. Les Coréens nomment cette maladie southo, c’est-à-dire mal causé par l’eau et le terrain ; en ce sens que l’eau agit non-seulement d’une manière directe comme boisson, mais aussi en rendant malsains et dangereux les fruits et légumes qui ailleurs sont utiles ou au moins inoffensifs.

Certaines maladies sont en Corée de véritables fléaux ; entre autres la petite vérole. Il n’y a peut-être pas dans tout le pays cent individus qui n’en aient été attaqués. Elle est d’une violence extrême. Souvent, dans un district, tous les enfants en sont pris en même temps, et ont le corps couvert de pustules ou de croûtes dégoûtantes. L’air en est tellement infecté, qu’on ne peut sans danger demeurer dans les maisons. Ceux qui échappent dans le bas âge sont sûrs d’être attaqués plus tard, et alors le danger est bien plus grand. Plus de la moitié des enfants meurent de cette maladie, et, en certaines années, presque aucun ne survit. Un médecin chrétien racontait un jour à Mgr Daveluy que quelques semaines auparavant, sur soixante-douze enfants pour lesquels il avait donné des remèdes, deux seulement avaient échappé à la mort. Chaque année, à la capitale, les victimes se comptent par milliers.