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aux chrétientés, et, malgré le danger, bon nombre de païens même avaient reçu le baptême. Encore quelques années d’un pareil régime, et les chrétiens, devenant plus nombreux, auraient forcé le gouvernement à garder des égards envers leur foi. Mais Dieu, cette fois encore, ne fit que montrer à la pauvre Corée de si zélés pasteurs : le fer des tyrans allait de nouveau la replonger dans le sang et les larmes.

Au mois de janvier 1839, quelques alertes avaient eu lieu à la capitale ; plusieurs maisons de chrétiens importants avaient été visitées par les satellites. Dans une de ces perquisitions on découvrit les ornements de l’évêque cachés chez Damien Nam. Il fut arrêté avec sa femme et plusieurs autres chrétiens. La persécution se déchaîna de nouveau, plus violente que jamais, et à la suite d’exécutions qui se succédèrent bientôt tous les jours à la capitale et dans les environs, la terreur s’empara de tous les pauvres chrétiens.

Mgr Imbert, en face d’une crise si violente, crut prudent de quitter la capitale et alla s’établir dans un petit village du district de Siou-ouên, retiré à la pointe d’un petit promontoire qui s’avance dans la mer. Il pensait échapper ainsi aux regards indiscrets et faire oublier sa présence dans le pays. Vaines précautions. Le serviteur de M. Chastan, le gardien de la maison de l’évêque, un membre très dévoué de l’ambassade et quelques autres chrétiens venaient d’être arrêtés en même temps. Cette fois, le gouvernement semblait choisir ses victimes et devait être bien renseigné. Hélas ! plusieurs faux frères s’étaient glissés parmi les fidèles et avaient trahi leurs secrets auprès des mandarins.

Bientôt on porta des sentences de mort contre d’anciens prisonniers pour la foi, et toutes ces nouvelles, grossies et répandues dans les provinces, furent l’étincelle qui ralluma partout le feu de la persécution. Du fond de sa retraite, Mgr Imbert apprenait tous les jours des nouvelles de plus en plus désolantes. La situation lui parut tellement grave qu’il écrivit à ses deux confrères de venir conférer avec lui. M. Chastan fut bientôt près de lui. Monseigneur envoya de nouveau un billet à M. Maubant, ainsi conçu :