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ment André Tsieng connaîtrait sa demeure, et le traître suivi des satellites se fit conduire chez ce dernier.

André Tsieng était très bon chrétien, malheureusement sa simplicité passait toutes les bornes. Le récit de Kim, qu’il ne songea nullement à mettre en doute, le transporta de joie. Cependant, afin de ne pas se compromettre, après y avoir songé toute la nuit, il dit qu’il irait seul aux informations.

Pressé de se laisser accompagner par le traître et ses soldats déguisés en ouvriers et en paysans, il y consentit ; à mi-route, il eut quelques vagues soupçons, repoussa les soldats, refusa de marcher s’ils l’accompagnaient, et partit avec Kim seulement ; celui-ci s’arrêta à quelques lys de la résidence de l’évêque, et André alla trouver Mgr Imbert, auquel il raconta ce qui s’était passé.

« Mon fils, lui dit le prélat, tu as été trompé par le diable. »

Puis réfléchissant que le traître était presque à la porte, que la fuite était devenue impossible et ne servirait qu’à faire torturer les chrétiens qui, consternés, entouraient et le suppliaient de sauver leur vie, il prit la résolution de se livrer.

Ces faits se passaient dans la nuit du 10 août 1839.

Le matin, l’évêque célébra la messe pour la dernière fois et écrivit à Maubant et à Chastan la lettre suivante :


« J. M. J. 11 août.

« Mes chers confrères, Dieu soit béni ! et que sa très sainte volonté soit faite ! Il n’y a plus moyen de reculer. Ce ne sont plus les satellites que l’on envoie à notre recherche, mais les chrétiens. André Tsieng est arrivé à une heure après minuit. On lui a raconté les plus belles merveilles, et le pauvre homme a promis de m’appeler. Cependant cachez-vous bien jusqu’à nouvel avis, si je puis vous en donner. Priez pour moi.

« Laurent-Joseph-Marie IMBERT,
« ÉVÊQUE DE CAPSE. »


Il se mit alors en marche pour se rendre au lieu où le traître l’attendait. À quelque distance plus loin il rencontra les cinq