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Son unique souci était de bien connaître la religion et ses devoirs, ce qui était très difficile alors à cause de l’impossibilité de se mettre en relation avec les néophytes dispersés par la persécution. Il apprit la retraite d’un fervent chrétien nommé Justin T’sio, exilé pour la foi, et il résolut d’aller le visiter. C’était un voyage de cent lieues à faire à pied, seul, sans guide et sans argent. Comptant sur Dieu et sur sa force physique, il entreprit ce long et périlleux voyage.

Justin T’sio accueillit avec empressement le jeune homme et lui enseigna à lire et à écrire en chinois, en même temps qu’il achevait son instruction religieuse. Paul nourrissait déjà de grands projets malgré sa pauvreté et son isolement. Le Père Tsiou était mort. Au milieu du désarroi où sa mort et celle des principaux chrétiens avaient jeté l’Église de Corée, il était absolument nécessaire de relier les rapports d’autrefois avec la Chine. Se souvenant des exemples de son courageux père, Paul croyait de son devoir d’aller implorer des prêtres pour son pays auprès de l’évêque de Pékin.

Justin T’sio l’encouragea dans son projet, et quelques mois après, avec les secours que lui avait donnés la charité de quelques chrétiens fervents, il entreprit cette longue expédition. Cachant d’abord sa noble origine, il commença par obtenir une place de domestique d’ambassade, afin de profiter de son séjour à Pékin pour voir l’évêque et les prêtres et former avec eux des projets pour un avenir plus favorable. Il fit plusieurs fois sans aucun succès ce long voyage ; mais il avait du moins le bonheur de recevoir les sacrements et de retremper son courage. De là-bas aussi il rapportait des paroles de consolation à ses frères infortunés, pour les aider à attendre des jours meilleurs. Quoiqu’il n’eût que vingt ans alors, comme il payait de sa personne et qu’il avait de grandes qualités, il se trouva peu à peu et naturellement à la tête des chrétiens de l’Église de Corée.

Un savant interprète de l’ambassade devint bientôt pour lui un précieux auxiliaire dans ses voyages annuels. Cet interprète s’était adonné avec passion à l’étude des philosophes chinois, croyant trouver dans leurs livres des réponses satisfaisantes aux doutes de