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« Le soir venu et le signal du retour pour les étrangers étant donné, on se retire en désordre, les soldats poussant les traînards avec la pointe de leurs lances. Nous eûmes bien de la peine de nous tirer de cette cohue.

« Nous regagnions la ville chinoise Houng-tchoung, lorsque nous vîmes de nouveau venir à nous les courriers coréens. Ils ne pouvaient se résoudre à nous quitter ; ils voulaient encore s’entretenir avec nous, nous dire un dernier adieu. Mon compagnon sauta à bas de son cheval pour échanger encore quelques paroles amies : je lui fis signe de remonter, de peur que les satellites qui nous environnaient ne soupçonnassent en nous des personnes qui avaient en vue d’autres intérêts que ceux du négoce. Ensuite, saluant l’ange qui préside aux destinées de l’Église coréenne et nous recommandant à ses martyrs, nous rentrâmes en Tartarie. »

André Kim revint donc auprès de Mgr Ferréol, à qui il raconta tous les détails de son voyage d’excursion afin de tout préparer avec lui pour pénétrer en Corée. Sa santé, jusque-là assez faible, s’était fortifiée dans ses courses fatigantes, et son caractère, naturellement intrépide, s’était mûri et développé dans les circonstances difficiles où il s’était trouvé. Son ancien compagnon, Thomas T’soï, qui avait rejoint aussi Mgr Ferréol, était plus calme, plus réfléchi, et paraissait moins propre à affronter des aventures dangereuses. En revanche, sa piété et ses talents remarquables faisaient présager quel saint prêtre il serait un jour. Tous deux se préparaient au sacerdoce, et Mgr Ferréol, comblant leurs veux ardents, leur conféra, cette année (1843), tous les ordres sacrés jusqu’au diaconat inclusivement, leur âge ne leur permettant pas encore de recevoir la prêtrise.

Les courriers coréens avaient promis à André de revenir à la frontière avec l’ambassade de la nouvelle année. Mgr Ferréol partit donc avec lui pour Pien-men au temps marqué, et ils furent bien joyeux de trouver leurs fidèles néophytes dans la caravane, selon l’engagement arrêté. Mais François Kim, se sentant l’objet des soupçons des païens de l’ambassade, fit voir à l’évêque que son entrée était impossible cette fois, et André