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résolut de partir seul et de revenir lui-même par mer le chercher dès qu’il le pourrait convenablement.

Le prélat bénit son courageux diacre, et reprit tristement le chemin de la Mongolie. Apprenant que les Français avaient l’intention d’aller réclamer contre l’attentat dont Mgr Imbert et ses compagnons avaient été victimes, il se rendit à Macao dans l’espoir de profiter de cette occasion pour pénétrer lui-même en Corée. On ne donna pas suite cependant à ce généreux projet, et le prélat désespérait déjà de voir jamais sa mission, quand, au mois de juin 1845, une nouvelle inattendue vint ranimer son espoir. Son diacre, André Kim, après avoir pénétré heureusement dans sa patrie, avait passé le golfe de Léao-tong sur une méchante barque de pêcheur, et venait le chercher pour le conduire lui-même en Corée. Le courrier qui apportait cette nouvelle ajoutait qu’André était avec sa barque à Wou-song près de Shanghaï, préparant tout pour le départ.

André avait couru de grands dangers pour pénétrer en Corée ; à la capitale sa vie n’était point en sûreté, car le gouvernement avait appris que lui et deux autres jeunes Coréens avaient quitté la Corée pour aller à l’étranger. Aussi l’on attendait son retour pour lui faire payer sa témérité, et, de crainte d’être trahi par les indiscrets, il ne voulut voir que quelques principaux chrétiens et défendit même d’annoncer à sa mère sa présence en Corée. Il réussit à équiper une barque au moyen d’une boussole, d’une carte et d’un compas ; avec un équipage improvisé de pêcheurs coréens, il était entré dans un port chinois au milieu de périls de toutes sortes.

Laissons-le raconter lui-même les détails de cette dangereuse expédition.

« Après avoir fait, dit-il, mes préparatifs, je m’embarquai avec onze chrétiens, parmi lesquels se trouvaient quatre pêcheurs ; les autres n’avaient jamais vu la mer. En la voyant, ils se demandaient tout étonnés entre eux : « Où allons-nous ? » Mais ils n’osaient m’interroger moi-même. J’avais défendu que l’on me fît aucune question sur le but de mon entreprise.

« Après un jour de navigation par un temps favorable, nous