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XIII

EN ROUTE POUR LA CORÉE

Les rapports intimes d’André avec les Anglais, dans la rade de Wou-Song, intriguaient beaucoup les mandarins chinois. Ne sachant trop que penser de ce Coréen si bien traité par les barbares d’Occident, ils usaient d’une grande circonspection à son égard, et, à force de ruse, tâchaient de pénétrer son secret. Malgré ses frayeurs et son inquiétude intérieures, André affectait une grande tranquillité et répondait avec une apparence de simplicité et de bonhomie, à toutes les questions astucieuses, qu’il était un pauvre naufragé et que son unique désir était de retourner dans son pays, dès que ses préparatifs seraient terminés.

À la vérité, André avait hâte de quitter cette place dangereuse. Il n’attendait pour remettre à la voile que Mgr Ferréol, qui bientôt accourut avec un nouveau missionnaire, M. Daveluy. Qui pourrait dépeindre la joie de ces pauvres bateliers à la vue de leur pasteur et de son compagnon ! Mais quelle ne fut pas leur stupéfaction quand ils déclarèrent la résolution où ils étaient de les suivre en Corée sur leur petite barque !

« Ils ne savaient pas encore sans doute, écrivait alors M. Daveluy, les délices dont notre âme est inondée, et le bonheur dont Dieu récompense, même en ce monde, les sacrifices faits pour son amour. Bientôt, j’espère, ils verront que nous partons de grand cœur, et, s’il y a des souffrances, Dieu nous accordera la force de le suivre jusqu’au Calvaire. »