Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/278

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notre pays pour leur science et leurs vertus, ont été, on ne sait pourquoi, mis à mort en Corée.

« Dans ces contrées de l’Orient, le contre-amiral, ayant pour devoir de protéger les hommes de sa nation, est venu ici s’informer du crime qui a mérité à ces trois personnes un sort aussi déplorable.

« Vous me direz peut-être : « Notre loi interdit l’entrée du royaume à tout étranger ; or, ces trois personnes l’ayant transgressée, ont subi la peine de la transgression. »

« Et le contre-amiral vous répond :

« Les Chinois, les Mandchoux et les Japonais entrent quelquefois témérairement chez vous. Loin de leur faire du mal, vous leur fournissez les moyens de retourner en paix au sein de leurs familles. Pourquoi n’avez-vous pas traité ces Français comme vous traitez les Chinois, les Mandchoux et les Japonais ?

« Nous croyions que la Corée était la terre de la civilisation, et elle méconnaît la clémence du grand empereur de France. Si vous voyez des Français s’en aller à des milliers de lieues de leur patrie, ne vous imaginez pas qu’ils cessent pour cela d’être Français et qu’on ne se soucie plus d’eux. Il faut que vous sachiez que les bienfaits de notre empereur s’étendent sur tous ses sujets, en quelque lieu du monde qu’ils se trouvent. Si parmi eux se rencontrent des hommes qui commettent dans un autre royaume des crimes punissables, tels que le meurtre, l’incendie ou autres, et qu’on les châtie, notre empereur laisse agir la justice ; mais si, sans sujet et sans cause, on les met tyranniquement à mort, alors, justement indigné, il les venge de leurs iniques oppresseurs.

« Persuadé que, pour le moment, les ministres ne peuvent promptement me répondre sur le motif qui m’a amené dans ces parages, savoir : la mort infligée par les Coréens à trois docteurs de notre nation, je pars.

« L’année prochaine, des navires français viendront chercher la réponse.

« Seulement je leur répète qu’ayant été clairement avertis de la protection bienveillante que notre empereur accorde à ses