Page:Launay, Dallet - La Corée et les missionnaires, 1901.pdf/302

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bas, de peur d’être entendus par les voisins,’heureuse issue de notre expédition. »

Tel fut ce voyage si long, si pénible et si dangereux de Mgr Berneux et de ses deux compagnons. Dieu les avait protégés et conduits comme par la main à travers ces épreuves si nombreuses et si difficiles. Le zèle qui les animait leur fit bientôt oublier fatigues et dangers.

Bien grande fut la joie en Corée à l’arrivée du prélat. Missionnaires et néophytes, tous louèrent la miséricorde de Dieu qui leur avait envoyé un évêque, et leur joie redoubla bientôt quand il leur fut donné de voir de près la vertu, le zèle, l’oubli de lui-même de leur pasteur.

À cette époque, la Corée ne jouissait pas sans doute d’un calme parfait. Cependant les missionnaires n’étaient point recherchés ; le gouvernement paraissait laisser dormir pour le moment les anciens édits de proscription, et c’était par accident que le motif de religion attirait des désagréments et quelque persécution locale aux chrétiens. La situation était donc relativement bonne ; mais, de temps en temps encore, une alerte venait rappeler les missionnaires à la prudence. C’est ainsi que, dans une de ses visites pastorales, Mgr Berneux fut recherché directement et dut son salut à une fuite prompte qui le mit en lieu sûr. Plusieurs chrétiens furent saisis à cette occasion, mis en prison, torturés, puis enfin relâchés.

Les obstacles provenant de la malice des hommes et les grandes fatigues d’une administration si difficile en de pareilles circonstances, au lieu de modérer le zèle du prélat, semblaient au contraire l’exciter, et sa vie se consumait dans des travaux apostoliques tels qu’aucun de ses missionnaires n’eût pu l’imiter. Écoutons-le nous donner lui-même le détail de l’emploi de son temps, dans une lettre au Séminaire de Paris :

« … C’est ordinairement vers le mois de septembre que commence la mission. Cette époque est attendue avec impatience par les chrétiens. C’est le seul temps de l’année où ils peuvent recevoir les sacrements dont ils sont saintement avides, la seule fois aussi qu’ils peuvent voir le missionnaire pour lequel ils ont une