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vénération toute filiale. Lorsque les catéchistes ont déterminé les maisons où doivent se faire les réunions et qu’ils ont indiqué à chacun le jour et le lieu, je me rends à la maison où la mission doit s’ouvrir, et où m’attendent trente ou quarante néophytes.

« Une chambre à peine assez haute pour que je puisse me tenir debout se convertit en chapelle, dont un crucifix et une image de la sainte Vierge forment tout l’ornement. L’examen du catéchisme auquel tous sont soumis, le vieillard octogénaire comme l’enfant de dix ans, une instruction sur les dispositions qu’il faut apporter à la réception des sacrements, puis trente ou quarante confessions avec les extrêmes-onctions et les baptêmes m’occupent toute la journée et une partie de la nuit. Le lendemain, le lever à une heure ; à deux heures, la messe où se fait la communion ; enfin une instruction sur la nécessité et les moyens de persévérance, après laquelle je passe, avant le jour, dans une autre maison où les chrétiens m’attendent et où se répètent les mêmes exercices que la veille.

« Voilà les occupations du missionnaire à la capitale pendant quarante jours. C’est à en perdre la tête de fatigue. Plus d’une fois il m’est arrivé de tomber de sommeil au milieu de ma chambre, et de me réveiller le lendemain un bas dans la main et l’autre encore au pied, »

Il y avait à peine un an que Mgr Berneux était en Corée, lorsque, songeant aux besoins de sa mission, à sa mauvaise santé et à l’incertitude des temps, il résolut, pour prévenir tous les inconvénients d’une telle situation, d’user des pouvoirs que lui avait donnés le saint-siège et de choisir un coadjuteur.

Son choix se fixa sur M. Daveluy, homme vraiment pieux et rempli de sagesse, que son zèle et ses vertus désignaient pour cette haute dignité.

La consécration du nouvel élu se fit le 25 mars 1857, à huis clos, dans la maison de Mgr Berneux, pendant la nuit, en présence seulement de quelques chrétiens et des principaux catéchistes. La crainte d’une surprise de la part des satellites força les missionnaires à exclure, à leur grand regret, les pauvres néophytes coréens d’une cérémonie si touchante.