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apostolique et son habile administration. À sa mort, tout était disposé pour le moment où la Corée serait libre. Une imprimerie avait été fondée et propageait par milliers les bons livres. Les œuvres si catholiques de la Propagation de la Foi et de la Sainte-Enfance étaient connues des chrétiens ; le clergé indigène, œuvre délicate et difficile entre toutes, était objet de sa sollicitude, et il soupirait après le moment où il lui serait donné d’imposer les mains à quelques jeunes clercs que formaient, dans le secret des forêts, MM. Pourthié et Petitnicolas.

Pressé quelquefois par son zèle et par la vue du bien à faire, on l’entendait s’écrier :

« Oh ! que n’ai-je dix Pères Thomas ! »

Il avait même fondé à la capitale un collège pour l’éducation des jeunes gens, et l’on y comptait déjà douze élèves. Sa science théologique était profonde, et son esprit distingué, ainsi que ses connaissances variées, rendaient sa conversation très agréable et extrêmement utile à ses confrères, qui aimaient à le consulter et le regardaient comme un père.

« Il avait, écrit M. Féron, l’un des missionnaires de Corée échappés à la persécution de 1866, il avait le district le plus vaste, une correspondance très étendue avec les missionnaires et les chrétiens ; il était le consulteur universel et le procureur de la mission ; il donnait à la prière un temps considérable, et néanmoins, quand un missionnaire allait le voir, il semblait n’avoir rien à faire que de l’écouter, de s’occuper de lui et de le récréer par sa conversation.

« Quant à sa nourriture, lorsqu’il était seul, un peu de riz et de légumes, c’était tout. Il s’était interdit le vin de riz dans ses dernières années. Jamais ni la viande, ni le poisson, ni même les œufs ne paraissaient sur sa table, sinon quand il recevait quelqu’un de nous. Alors il faisait tous ses efforts pour bien traiter son hôte ; et lui qui ne mangeait jamais de pain quand il était seul, car les Coréens n’en font point, prenait plaisir à pétrir lui-même et à cuire quelques pains, afin de les offrir à un confrère qui venait le voir, ou de les lui envoyer en province par quelque occasion.