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d’un second coup de pied, il dégage la tête de Mgr Daveluy, qui, se voyant pris, se leva aussitôt.

« Qui cherches-tu ? dit-il au satellite presque effrayé de sa trouvaille.

— Les hommes d’Occident, répondit celui-ci.

— Alors prends-moi, dit l’évêque, car je suis l’un d’eux. »

À l’appel de leur camarade, les autres satellites accoururent, et, sans faire aucun mal au prisonnier, ils se contentèrent de le garder dans la maison. Ils voulaient savoir de lui où étaient les autres missionnaires et le pressaient de questions à ce sujet. Mgr Daveluy, pesant toutes les circonstances de cette persécution et du martyre de ses confrères, était convaincu non seulement de la trahison de Ni-Son-I, mais de l’impossibilité d’échapper longtemps aux recherches des persécuteurs déjà trop bien renseignés. Pour éviter des malheurs inutiles à ses chrétiens, il envoya prier M. Huin de venir le rejoindre.

Celui-ci était déjà en train de fuir et s’était réfugié chez un bon païen d’un village voisin, pour détourner l’orage de dessus la tête de ses chrétiens. Dès qu’il eut reçu le billet de Monseigneur, il alla immédiatement se constituer prisonnier dans la maison où celui-ci était gardé.

M. Aumaître apprit aussitôt ces fâcheuses nouvelles, et, jugeant toute fuite impossible, il congédia ses chrétiens et rejoignit aussitôt ses confrères. Tout heureux de leur succès facile et de la bonne volonté des prisonniers, les satellites, sur leurs instances, épargnèrent le village et n’arrêtèrent aucun chrétien. Le serviteur de l’évêque ne voulut point abandonner son maître, auquel il était tout dévoué, et il partagea le sort des trois vénérables prisonniers.

On se mit bientôt en marche pour la capitale, et la prison qui avait reçu déjà les premiers martyrs ouvrit de nouveau ses portes. Les interrogatoires accoutumés eurent lieu, les jours suivants, avec les mêmes tortures. Mgr Daveluy était très versé dans la langue coréenne : il en profita pour faire une apologie de notre sainte religion. Mais son éloquence ne fit que lui attirer plus de cruauté de la part de ses bourreaux.