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partout que les Tong-hak s’étaient joints aux candidats, et que « la danse allait commencer ».

Le 1er avril, des placards contenant des injures et des menaces contre les étrangers étaient affichés aux portes de plusieurs ministres protestants américains.

Le commissaire de France écrivit à Mgr Mutel pour lui demander si pareil fait s’était produit chez lui ; mais l’évêque. ne découvrit rien, et cependant sa résidence était plus à portée, puisqu’elle est au milieu de la ville.

Quelques jours plus tard, un nouveau placard, affiché comme la première fois chez un ministre protestant, amusa beaucoup la colonie européenne. En dehors des Révérends, il était évidemment l’œuvre d’un mécontent sorti de chez eux, par la fenêtre peut-être, mais qui avait assez bien appris à connaître ses maîtres pour faire d’eux un portrait fort ressemblant, point flatté du tout ni flatteur.

Cependant les Tong-hak, qui menaçaient de loin de tout mettre à feu et à sang, se calmèrent en arrivant à la capitale. Ils se contentèrent de présenter au roi une requête lui demandant de vouloir bien chasser les étrangers du pays. On les laissa plusieurs jours prosternés le front dans la poussière devant le palais, puis le roi leur fit dire de se retirer. Comme ils se faisaient prier, la police fut lancée à la recherche des principaux meneurs, et bientôt on n’entendit plus parler des Tong-hak à Séoul. Ils se retirèrent en masse sur une haute montagne appelée Syokri-san, aux confins des deux provinces de Tchyoung-tchyeng et de Kyeng-Syang ; on envoya des soldats pour les déloger, mais avant l’arrivée des troupes tous avaient disparu. On pouvait craindre que l’agitation produite dans le pays par ces menées de Tong-hak fût nuisible à l’évangélisation. Grâce à Dieu, i} n’en fut rien ; si quelques catéchumènes remirent à des temps plus tranquilles de compléter leur instruction et de recevoir le baptême, la plupart tinrent bon, et des dix-huit cents qui avaient demandé à se faire chrétiens dix-sept cent vingt-quatre reçurent le baptême en 1893. C’était un chiffre qui jamais n’avait été atteint. Peu ont manqué à l’appel, puisque nous avons cette année dix-sept cent vingt-