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jours. Il passa le fleuve de Kong-Tjyou le 28, après-midi, et alla coucher à quarante lys de là, à une auberge appelée Koang-tjyeng.

Le lendemain matin 29, il se remit en route ; mais à peine avait-il fait quelques lys, qu’il rencontra l’armée chinoise fuyant sur Kong-tjyou. Les premiers bataillons le laissèrent passer. Un peu plus loin il se butta à un groupe de rebelles coréens, et c’est très probablement à leur suggestion que le général chinois qui se trouvait là le fit arrêter par ses soldats.

« Je dois faire remarquer ici, écrit Mgr Mutel, que, depuis le 23 juillet, un grand changement s’était produit dans les esprits des rebelles, et peut-être aussi des Chinois. En s’emparant du palais royal et en mettant la main sur la personne du roi, les Japonais blessèrent le sentiment national des Coréens ; les rebelles qui précédemment étaient partis en campagne contre l’administration du roi se donnèrent, à partir de ce moment, comme les défenseurs de son autorité ; ils s’allièrent alors aux Chinois pour pouvoir se venger des Japonais et même des Européens, que le peuple croyait plus ou moins complices de leur agression.

« Les Chinois, déjà en partie défaits et à la veille d’être culbutés de leurs positions par les Japonais, acceptèrent volontiers l’alliance des rebelles Tong-hak, qu’ils étaient venus combattre. Ils voulaient sans doute s’en servir comme guides et comme approvisionneurs de leurs troupes en fuite.

« Le général chinois dont il s’agit ici est appelé par les témoins coréens Syep-tai-in (en chinois : Iei-ta-jén). Ce renseignement est absolument certain. Il vient d’un des soldats de la suite du général. Les Coréens lui ayant demandé par écrit quel était le nom du général, il écrivit de son doigt sur le sable les trois mots Iei-ta-jén. »

Après avoir fait arrêter le Père Jozeau, le général, assisté d’un interprète coréen, l’interrogea.

« De quel pays êtes-vous ?

— Je suis Français.

— D’où venez-vous ?

— Je viens du Tjyen-la-to, des environs du Tjyen-tjyou.