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ses principaux complices ont été condamnés à mort et exécutés, d’autres envoyés en exil perpétuel.

Parmi les partisans des Japonais qui furent mis aux affaires, se trouvaient plusieurs proscrits de 1884. Leur premier soin fut naturellement de faire effacer leur ancienne condamnation et celle de leurs complices. Pour rendre la mesure acceptable, ils proposèrent au roi de gracier tous les condamnés pour délits politiques ou faits semblables et de leur restituer leurs anciennes dignités. Or, sur la liste soumise à la sanction royale, les missionnaires eurent la joie de voir figurer les noms de plusieurs chrétiens condamnés à mort pour cause de religion et exécutés en 1866.

Cette grâce posthume et cette réhabilitation étaient d’une importance capitale ; on peut enfin considérer comme close l’ère des persécutions officielles et prévoir l’heure où la liberté entière d’embrasser la religion sera octroyée. Mgr Mutel s’empressa de remercier les membres du gouvernement et même le roi de cette faveur inespérée.

Pour la première fois, l’évêque eut cette année l’honneur d’être reçu ou plutôt mandé en audience royale, car c’est le roi lui-même qui exprima le désir de le voir. Il lui fut présenté par le commissaire de France ; l’accueil fut bienveillant et l’entrevue très cordiale ; le roi se plut à l’entretenir longtemps et à causer familièrement avec lui. La conversation roula spécialement sur les épreuves du temps passé, sur les moyens que les missionnaires employaient alors pour se tenir cachés.

Le prince rappela la persécution de 1866, exprima le regret le plus sincère des violences commises alors :

« Je n’y ai été pour rien, dit-il, et depuis que j’ai pris en main les rênes du gouvernement, tout cela a passé. Je vous connais depuis longtemps, je sais que votre unique but est le plus grand bien de la Corée, et c’est pour cela que j’ai tenu à vous voir. Je saurai désormais que vous êtes là, et, dans tes événements heureux ou tristes de l’avenir, je compterai que vous êtes avec nous. »

Après la victoire du Japon sur la Chine, le traité de Shimonoseki déclara la Corée indépendante, c’est-à-dire indépendante de