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les exactions, les cruautés et l’arbitraire des nobles, les gens des diverses classes de métiers se sont unis entre eux, et ont formé des associations qui, à la longue, sont devenues assez puissantes, à la capitale surtout, et dans les grandes villes.

Cet esprit d’association, si naturel et si nécessaire dans un pays où il n’y a guère d’autre loi que celle du plus riche ou du plus fort, est très répandu parmi les Coréens, depuis les familles princières jusqu’aux derniers esclaves. Nous l’avons signalé dans les divers partis politiques qui divisent l’aristocratie, dans la classe moyenne, parmi les prétoriens et satellites des tribunaux. Nous le retrouvons dans toutes les classes du peuple. Chaque village forme une petite république et possède une caisse commune, à laquelle toutes les familles sans exception doivent contribuer. Cet argent est placé en fonds de terre ou à intérêt, et les revenus servent à payer les suppléments d’impôts, les objets d’utilité publique pour les mariages, enterrements, etc., et autres dépenses imprévues.

Les individus attachés aux temples de Confucius ou d’autres grands hommes ; les gardiens, les portiers, les commissionnaires, les différentes espèces de domestiques des palais royaux, les employés des ministères, des administrations civile, militaire ou judiciaire ; tous ceux, en un mot, qui ont un genre de travail ou des intérêts communs, forment entre eux des corporations ou sociétés analogues à celles des ouvriers proprement dits, et ceux qui n’appartiennent par leur état ou leur situation à aucune de ces sociétés s’y font affilier, moyennant une somme plus ou moins considérable, afin de trouver aide et protection en cas de besoin.

Une des corporations les plus puissantes et les mieux organisées est celle des portefaix. Le commerce intérieur, se faisant presque toujours à dos d’hommes ou de bêtes de charge, est entièrement entre leurs mains. La plupart d’entre eux sont des gens veufs ou qui, par pauvreté, n’ont pu se marier ; les autres traînent à leur suite, le long des routes, leurs femmes et leurs enfants. Répandus dans le pays au nombre de huit ou dix mille, ils sont subdivisés par provinces et par districts, sous les ordres