Page:Launay - Étrennes aux grisettes, 1790.djvu/18

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ses droits ? Ce préjudice, quoique déjà incalculable, seroit bien moins onéreux encore, si, à l’instar de celles-ci, nous n’avions dans toutes les classes de la société une légion de femmes qui, violant indécemment la foi conjugale, dépouillent l’exposante des bénéfices les plus certains de son commerce ; les rues en sont obstruées ; les places publiques, les promenades et les spectacles, sont innondés de toutes ces commerçantes clandestines : depuis la dernière condition jusqu’à la première, la marquise comme la soubrette s’y livrent également ; les unes, pour subvenir à leur luxe, les autres, pour en rehausser l’éclat. N’en doutez point, monsieur le maire, s’il falloit des exemples, l’embarras de l’exposante ne seroit que du côté du choix ; mais par respect humain, et d’ailleurs accoutumée depuis long-temps à faire des sacrifices, elle gardera sur ce point le plus profond silence.

Maintenant revenons aux actrices. Il est de toute justice de les assimiler aux grisettes ; cette épithéte doit être désormais le synonime de leur nom pour le prouver. Parmi le grand nombre d’exemples qui fournissent les marchés qu’elles concluent journellement dans les coulisses et aux foyers de leur théâtre, l’exposante n’en