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Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/20

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guerite. Ainsi la suivrons-nous jour par jour et pour ainsi dire pas à pas dans ses longues pérégrinations à travers notre pays, tantôt heureuse et fière, insouciante, amoureuse, tantôt remuante, capricieuse, aspirant à jouer un rôle politique, désabusée, tombant de chute en chute, délaissée par sa mère, par son frère et par son mari, et à ce point abandonnée de tous « que sa vie, écrit-elle, est réduite à la condition de celle des esclaves » et qu’elle préfère la mort aux malheurs qui l’accablent ; mais avec cela, toujours captivante, toujours charmeuse, et, malgré tout, jetant sur la Cour de Nérac, en ces heures où l’histoire de la Gascogne devient une vraie page de l’histoire de France et où tous les regards sont tournés vers ce petit coin de terre, un éclat impérissable.

Mais auparavant, pour l’intelligence même des textes qui vont suivre, jetons un rapide coup d’œil sur l’état de cette province, au moment où, par sa présence et celle de son escadron volant, la Reine-Mère entreprend de la pacifier ; cherchons à démêler le fil de ses intrigues ; transportons-nous au Louvre et voyons la situation respective de chaque parti ; démasquons les visées ambitieuses de leurs chefs ; pénétrons-nous du mouvement général des esprits ; et, nous attardant un peu sur leurs jeunes années, dévoilons, en soulevant indiscrètement le rideau de leur alcôve, les relations plus ou moins intimes qu’ont pu avoir ensemble le Roi et la Reine de Navarre.