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Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/21

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INTRODUCTION



Marguerite avait vingt-cinq ans, lorsque, en 1578, elle accompagna sa mère, la reine Catherine, en Gascogne.

Elle était alors dans tout l’épanouissement de son opulente beauté. Brantôme, dans sa Vie des Dames illustres, porte aux nues ses qualités physiques. Tous ses contemporains sont d’accord avec lui. Brune comme son père Henri II, le front très découvert, les yeux expressifs, pleins d’intelligence et de malice, la lèvre inférieure un peu forte, le menton charnu, la taille bien prise, la peau d’une blancheur d’albâtre, la gorge admirablement moulée, les pieds petits, Marguerite était bien cette beauté sensuelle, « plus divine qu’humaine, disait don Juan d’Autriche en la voyant au Louvre, plus faite pour perdre et damner les hommes que pour les sauver. » Et ce n’est pas à tort que les capitaines espagnols répétaient en leurs propos soldatesques « que la conquette d’une telle beauté valait plus que celle d’un royaume et que bien heureux seraient les soldats qui, pour la servir, pourroient mourir sous sa bannière[1]. »

À la fête qui fut donnée au Louvre aux ambassadeurs de Pologne, chargés d’apporter la couronne au duc d’Anjou, elle apparut « si belle et si superbement et richement parée et accoutrée, avecques si grande majesté et grâce, que tous en demeurèrent perdus », et que l’un d’eux, Laski, le paladin de Siradie, s’écria : « Non ; je ne veux rien plus voir que telle beauté[2]. »

  1. Brantôme, Vie des Dames illustres, édit. Lalanne, t. viii.
  2. Idem.