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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/13

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vii
AVANT-PROPOS

temps, sous l’empire d’idées nouvelles en matière de fortification défensive, telle est la thèse que Viollet-le-Duc m’engagea vivement à développer, me fournissant de nombreuses preuves à l’appui, et que lui-même du reste avait soutenue, en décrivant sommairement ce même château au tome III de son Dictionnaire d’Architecture.

Quant au plan qu’il en donne et que je lui demandai la permission de reproduire dans ma monographie, il m’avoua en toute sincérité qu’il était absolument défectueux. L’architecte de Bordeaux, homme distingué cependant, qu’il avait chargé du soin de le relever, s’en était acquitté avec beaucoup trop de précipitation, et, dans son dessin, avait commis de grossières erreurs[1]. On comprend quels durent être les regrets de Viollet-le-Duc, lorsque, son volume imprimé, il vint pour la première fois à Bonaguil et constata lui-même combien le plan qu’il avait publié était inexact. Aussi me conseilla-t-il de ne pas m’en servir, et, si je le pouvais, de le relever à nouveau.

De l’histoire du château, sur laquelle je me permis également de l’interroger, il me déclara qu’il n’en savait pas le premier mot. Tout ce qu’il put me dire, en me congédiant, c’est que, épris de plus en plus de ces merveilleuses ruines, alors en vente, il avait été sur le point de les acheter et de devenir ainsi le dernier châtelain de Bonaguil. Mais la distance de Paris ainsi que ses multiples occupations l’avaient empêché à son très grand regret de donner suite à ce désir.

Il me restait à écrire, sinon l’histoire proprement dite du château, du moins celle de ses seigneurs.

  1. Si l’on compare en effet le plan de Viollet-le-Duc (Dict. d’architecture, t. iii, p. 165) avec celui inséré à la fin de ce travail et qui est d’une rigoureuse exactitude, on s’apercevra bien vite des erreurs qui fourmillent dans le premier. L’échelle du millième qui est indiquée en note n’est pas vraie. Le tracé du donjon, avec ses courbes inégales si curieuses, est à peine esquissé. Aucun mur n’a son épaisseur réelle. Le mur G, la poterne F n’existent pas. Les annexes, bâties postérieurement, à l’extrémité sud du donjon sont entièrement fausses, etc., etc. Il en est de même des détails de la vue cavalière (p. 167), dont beaucoup jurent avec le style du château et les traces des premières constructions qui s’y voient encore.