Aller au contenu

Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LE CHÂTEAU

teau de Bonaguil. D’un diamètre extérieur de 14 mètres, ses murs très épais mesurent un peu plus de 3 mètres. « Elle a, dit l’acte de 1702, de circonférence soixante-trois pas et de hauteur quarante cannes, toute machicoléeet flanquée à l’entour ; laquelle tour est bastie de pierre de taille à chaux et sable, de l’épaisseur de dix-huit pas[1] ». Dans cette épaisseur est creusée une petite cage d’escalier à vis, desservant les trois premiers étages. La tour en avait cinq, ainsi que le prouvent les corbeaux que l’on voit encore contre le mur intérieur. L’étage où nous nous trouvons, après être passés par le rez-de-chaussée de la salle i, est le deuxième étage. Le troisième, à la hauteur de la cour d’honneur, comprenait une grande salle, éclairée par une magnifique croisée à meneaux, au couchant[2]. Elle possédait des latrines, dont on voit encore les traces, creusées dans l’épaisseur du mur. La salle ronde du quatrième étage, où n’aboutissait pas le petit escalier à vis et à laquelle on n’accédait qu’en traversant le deuxième étage de la salle i, était également éclairée par une croisée à meneaux ayant vue sur le sud-ouest et creusée au-dessous même de la ceinture de mâchicoulis. Trois grandes cheminées de pierre chauffaient les trois derniers étages. Le cinquième donnait sur les chemins de ronde, entièrement couverts, qui entouraient la tour et qui étaient supportés par d’énormes mâchicoulis de pierre, remarquables par leur forme trappue. Sorte de pyramides reposant sur leur pointe, ils présentaient ainsi une force de résistance beaucoup plus grande aux projecticles ennemis. Enfin, les combles étaient en bois, recouverts de tuiles à crochets ou plutôt même de

  1. Toutes ces mesures de l’acte de 1702 ne sont qu’approximatives, ainsi qu’on peut facilement s’en convaincre sur l’échelle très exacte de notre plan.
  2. C’est dans l’embrasure de cette croisée, d’une épaisseur de près de 4 mètres, que fut servi, un été d’une des années qui précédèrent la Révolution, et à cause de la grande chaleur du moment, un dîner de quatorze couverts. Ce détail, assez surprenant au premier abord, n’a cependant rien d’anormal, si l’on en juge par l’épaisseur du mur de la grosse tour. Le souvenir s’en est conservé dans une famille des environs.