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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/65

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DE BONAGUIL

C’était d’abord, ainsi que nous l’avons indiqué sommairement, tout le côté nord, beaucoup plus accessible que les autres côtés, à cause du coteau qui le domine et sur lequel l’ennemi, établissant ses batteries, pouvait de là diriger un feu plongeant. Il était donc indispensable d’accumuler à cet endroit le plus grand nombre de moyens de défense. Et, bien que l’architecte ait précisément ouvert le château sur cette façade, ce qui pourrait passer pour une grave imprudence, il ne pouvait corriger cette audace qu’en défendant les deux entrées par des moyens artificiels, dont la force est ici vraiment surprenante. Ce sont, en premier lieu, les fossés p’ et le pont-levis extérieur qui protègent le grand portail de la barbacane. Puis la barbacane elle-même, si originale, entièrement entourée d’un mur extrêmement épais, surmonté d’un chemin de ronde qui est percé de créneaux et de meurtrières. On aura sans doute remarqué que l’architecte a eu bien soin de ne pas placer les deux portes d’entrée sur le même prolongement. Pour recevoir la première, le mur a été creusé de côté et obliquement ; l’ouverture se trouve ainsi exposée moins directement aux boulets des assiégeants.

Supposons même que ce premier portail ait été emporté et que l’ennemi ait pu pénétrer ainsi dans la barbacane, sa position n’était guère plus tenable ; car il se trouvait en présence des ponts-levis m et m’ relevés et des fossés p qui s’ouvraient béants devant lui. Bloqué même dans ce boulevard a, comme dans un cul de sac, il était exposé au feux multiples et convergents de toute la façade nord du château : à gauche ceux de la tour j1 et de la courtine crénelée, en face ceux de la terrasse du donjon, des meurtrières de la porte e et des créneaux aujourd’hui refaits qui la surmontent, enfin à droite tous ceux de la grosse tour. Ainsi placé, sa position devenait très difficile ; et ce n’est qu’avec une extrême circonspection qu’il pouvait s’approcher des fossés p, les franchir et s’emparer de la porte d’honneur. On peut donc dire sans exagération qu’à cette époque ce côté de Bonaguil était imprenable.