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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/91

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DE BONAGUIL

à diminuer leurs privilèges et à restreindre leurs libertés. Déjà en 1342, Ratier IV de Castelnau avait commencé, en refusant de se soumettre au jugement du Procureur de la Sénéchaussée au sujet de la juridiction de ladite baronnie et d’un excès de pouvoir qu’il avait commis en faisant injustement arrêter un sergent royal. La contestation portait cette fois, nous apprend M. Limayrac, sur les élections consulaires, l’insuffisance du droit de l’ost, l’usurpation des remparts par les habitants, le droit de vente et plusieurs autres dispositions de la coutume. Aux sommations impérieuses de Bringon, les habitants répondirent par un refus formel, se retranchant derrière leurs privilèges, et la lutte prit bientôt un caractère d’acuité des plus prononcés.

À la suite de scènes violentes entre le juge seigneurial Arnaud de Manas et Bertrand de la Mothe, premier consul de la noblesse, délégué par la municipalité de Castelnau, et au cours desquelles le représentant de Bringon fut si fortement frappé qu’il mourut peu après de ses blessures, Bérenger de Roquefeuil porta plainte devant le sénéchal du Quercy d’abord, puis devant le juge-mage de Cahors, qui ordonna l’arrestation des coupables, parmi lesquels se trouvaient les deux frères de Mothe. Mais les consuls les ayant fait évader, le seigneur de Castelnau fit partir de son château de Flaugnac, où il résidait, vingt-cinq arbalétriers, avec ordre de pénétrer de nuit dans Castelnau et d’y briser les poids et mesures des consuls. Cet ordre fut exécuté et même dépassé. Car la soldatesque se répandit ensuite dans les rues de la ville, insultant les habitants et lançant des flèches contre les fenêtres. Quelques-uns furent blessés. Au son du tocsin, on courut aux armes ; on en vint aux mains avec les archers ; et ceux-ci, en trop petit nombre, durent se retirer, laissant des morts sur le terrain.

Ce fut bien pis encore, quand, furieux de voir son autorité méconnue, Bringon envoya tout un corps de troupes qu’il venait de lever en Rouergue à destination de Normandie,