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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/92

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LE CHÂTEAU

contre la ville de Castelnau pour la punir de sa désobéissance. Les frères de Mothe et avec eux toute la petite noblesse se portèrent au secours des consuls. Ceux-ci réunirent tous les habitants et une nouvelle mêlée, plus sanglante cette fois, s’engagea dans les rues de la ville. De part et d’autre, il y eut des blessés et des morts, notamment les deux lieutenants de Bringon. Chassés cette fois encore de Castelnau, les assaillants se retirèrent au château de Sauveterre ; mais le lendemain, les paysans de la contrée étant venus prêter main forte aux consuls, investirent avec eux cette place, l’emportèrent d’assaut, jetèrent le mobilier par les fenêtres, y mirent le feu, et firent prisonnière toute la garnison.

Cette affaire eut des suites. Les juges-mages de Cahors et de Montauban d’abord, puis le sénéchal du Quercy, enfin le Parlement de Toulouse en furent saisis. Une enquête fut ordonnée en 1488, au bout de laquelle la Cour, par un arrêt du 20 juillet 1493, « annula les jugements antérieurs, confirma les coutumes de Castelnau, maintint le droit de l’ost selon la forme usitée, modifia les articles 53, 57, 94, 95 et 96 de la coutume, et condamna Bringon à faire rétablir les mesures, de plus à 300 livres tournois de dommage enversles habitants, à 100 livres tournois d’amende et à livrer au sénéchal du Quercy, pour être jugés par lui, ceux de ses gardes qui avaient commis les exactions dans la suite[1]. »

Il fallait connaître bien peu le caractère orgueilleux du puissant baron pour supposer qu’il consentirait facilement à se soumettre à cet arrêt. Sa résistance fut de longue durée. Il protesta maintes et maintes fois, refusant de comparaître devant le conseiller, chargé de le faire exécuter. Vainement de nombreux huissiers et officiers de justice se présentèrent devant la porte du château de Flaugnac. Elle leur fut toujours impitoyablement fermée. Ce ne fut que lorsque Brin-

  1. Arrêt du Parlement de Toulouse du 20 juillet 1493, p. 8. Voir également la Monographie de la baronnie de Castelnau, par M. L. Limayrac, p. 232 et suivantes)