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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/97

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DE BONAGUIL

de Bonaguil. Il veut que pour son enterrement, « on invite six vingt prêtres (120), qui prient Dieu pour son âme et celle de ses parenfs, à chacun desquels il sera payé par son héritier trois sols et quatre deniers tournois, outre la nourriture corporelle ; et que, les jours appelés neuvaines et bout de l’an, il soit invité également six vingt autres prêtres au même effet et payés de la même manière. » Il veut qu’il leur soit fourni un repas, pendant lequel il n’y aura ni musique ni instruments de musique. Il veut également que, le jour de son enterrement, il n’y ait ni livrées d’or, ni chars, ni torches, ni cierges, ni armoiries, ni aucun signe de sa puissance. Enfin, il veut que le jour de l’enterrement, de la neuvaine et du bout de l’an, on réunisse aux offices cent pauvres qui seront habillés et à chacun desquels on donnera dix deniers tournois. Suivent les legs très nombreux qu’il fait à chacun de ses enfants et à ses serviteurs, ainsi que les rentes qu’il constitue pour établir un hôpital à Blanquefort. Suit, enfin, après avoir institué pour légataire universel son fils aîné Charles de Roquefeuil, une substitution graduelle jusqu’à la quatrième génération, en faveur de ses descendants mâles, ses plus proches et habiles à succéder, et, à défaut des mâles, des femelles, gardant toujours loi de primogéniture avec néanmoins prohibition de la quarte trebellienne, etc. Ce fut, grâce à cette fameuse substitution, invoquée plus tard, comme nous le verrons, par un de ses derniers descendants, que le château de Bonaguil dut de rester jusqu’à la fin entre les mains de la branche aînée des Roquefeuil-Blanquefort.

Il en est de la vie des grandes familles comme de la vie des peuples. Un moment arrive où leur puissance atteint son apogée, moment souvent d’assez longue durée, mais qui fait place infailliblement après à la période de décadence. Pour la famille de Roquefeuil, ce fut sous Bringon qu’elle atteignit le faîte de sa grandeur. L’élévation de Bonaguil fut comme le couronnement de l’édifice. Avec ses successeurs et