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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/98

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LE CHÂTEAU

déjà sous son fils, la décadence commença, suivie bientôt de la ruine et de la misère.

C’est que, déjà au seizième siècle, l’existence des grands seigneurs avait subi de nombreuses modifications. Ils ne se plaisaient plus autant dans leurs sombres forteresses ; voisinant davantage, fréquentant plus souvent les grandes villes, se rapprochant de la royauté qui les groupait autour d’elle pour les mener, sous sa bannière, guerroyer au loin, en Italie ou ailleurs, ils étaient forcés d’accroître leurs dépenses. Avec la Renaissance, le luxe et le confort augmentèrent, en même temps que par l’émancipation des basses classes les revenus diminuèrent. Puis vinrent les guerres de religion, qui, enlevant toute confiance au pays, ruinèrent le crédit naissant, l’industrie et le commerce. La famille de Roquefeuil subit comme tant d’autres, à son préjudice, ce changement forcé d’existence. La construction de Bonaguil ne fut pas une des moindres causes de sa ruine ; car, pour entretenir un semblable château, avec tous ses offices, ses serviteurs, ses hommes d’armes, il fallait une fortune telle que celle de Bringon. La mort du grand baron et le partage de ses biens entre ses douze enfants furent déjà un commencement de gêne pour son héritier, dont les charges restèrent les mêmes. Mais un événement, plus néfaste encore pour lui, survint, qui fut la vraie cause d’une aussi rapide décadence. Nous voulons parler du mariage que contracta Charles de Roquefeuil.

CHARLES DE ROQUEFEUIL

Le 29 mars 1519, il épousa, contre le gré de son père, Blanche de Lettes de Montpezat[1], fille d’Antoine de Mont- pezat et sœur des dames de Saint-Félix et de Merviel, d’Antoine de Lettes, dit des Prez, seigneur de Montpezat, maréchal de France, et de Jean de Lettes, évêque de Béziers, puis de Montauban. Dans l’extrait de la chronique du

  1. Père Anselme, t. vii, p. 189. Idem : Documents généalogiques sur les familles du Rouergue, par M. de Barrau.