Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/102

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jusqu’à ce que vous m’ayez dit pourquoi Siegfrid est devenu l’époux de Kriemhilt. »

Le roi Gunther répondit : — « Eh bien ! je vous le dirai : sachez donc qu’il possède aussi bien que moi un grand nombre de burgs et un grand pays. Croyez-moi, c’est un roi puissant. C’est pourquoi je lui ai donné pour femme la belle et gracieuse jeune fille. »

Quoi que Gunther pût lui dire, elle conserva sa sombre humeur. Les vaillants chevaliers désertèrent la table. Leurs passes d’armes furent si rudes que tout le Burg en retentit. Et pourtant le roi s’ennuyait auprès de ses hôtes.

Il pensait qu’il serait plus doucement auprès de sa belle femme. Son cœur s’attachait à l’espoir qu’elle s’acquitterait bien de sa dette d’amour. Il se prit à regarder affectueusement dame Brunhilt.

On pria les hôtes de cesser leur tournoi, car le roi désirait conduire sa femme vers la couche nuptiale. Kriemhilt et Brunhilt se rencontrèrent ensemble sur les degrés de la salle. Nulle haine n’existait encore entre elles.

Leur suite les accompagna sans tarder davantage. Les camériers richement vêtus apportaient les lumières. Les guerriers des deux rois se séparèrent. On vit un grand nombre de ces bonnes épées accompagner Siegfrid.

Les chefs arrivèrent tous deux dans leur appartement. Chacun d’eux pensait vaincre par son amour sa femme charmante. Cette idée rendait leurs sentiments plus doux. La félicité de Siegfrid fut complète et sans bornes.

Quand il fut couché auprès de Kriemhilt, il offrit tendrement à la jeune fille son noble amour. Elle lui devint comme sa propre chair. Et certes elle le méritait, cette femme riches en vertus.