Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/104

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troublât plus son sommeil ; elle lui défendit de l’aimer. Sa force était si grande, qu’il faillit en recevoir la mort.

Il commença à la prier, celui qui aurait dû être le maître. — « Détachez mes liens, très noble vierge. Je ne tenterai plus de vous vaincre, ô belle dame, et je ne viendrai plus guère me coucher si près de vous. »

Elle s’inquiéta peu de la façon dont il se trouvait. Elle était, elle, mollement couchée. Il resta ainsi suspendu toute la nuit, jusqu’au lendemain, quand la lumière du matin vint éclairer la fenêtre. Pendant ce temps les plaisirs du roi n’étaient pas grands.

— « Çà, dites-moi, seigneur Gunther, ne seriez-vous point fâché si vos camériers vous trouvaient ainsi lié par la main d’une femme ? » La belle vierge parla de la sorte. Le noble chevalier répondit : — « Ce ne serait pas non plus à votre avantage.

« Mais j’avoue qu’il m’en reviendrait peu d’honneur. Au nom de vos vertus, laissez-moi venir près de vous, et puisque mon affection vous est si à charge, ma main ne s’approchera plus même de vos vêtements. »

Aussitôt elle détacha ses liens et le laissa libre. Il se remit dans la couche où reposait Brunhilt ; mais il se tenait si loin qu’il ne touchait même pas son fin vêtement ; c’est que même cela, elle ne le voulait point.

Ses suivantes arrivèrent, lui apportant de nouveaux atours : on en avait préparé un grand nombre pour cette matinée nuptiale. Quoique chacun fût joyeux, le chef du pays restait d’humeur sombre, et leur gaité lui faisait mal.

D’après la coutume qu’ils suivirent et avec raison, Gunther et Brunhilt ne tardèrent pas à se rendre à la cathé-