Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/190

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ment vêtus, qui voulaient accompagner Ruedigêr à la cour.

La belle Kriemhilt, au cœur pur, attendait l’illustre et bon envoyé. Il la trouva dans les vêtements qu’elle portait tous les jours, mais sa suite portait de très riches costumes.

Elle alla à leur rencontre jusqu’à la porte et reçut avec grande bonté les hommes d’Etzel. Il s’avança, lui douzième, et on leur fit des offres de service : jamais on n’avait reçu de plus noble messager.

On fit asseoir le chef et ses hommes. Les deux margraves Eckewart et Gêre, ces chevaliers de haute lignée, se tenaient debout devant elle. La présence de la reine en imposait à tous les étrangers.

Ils voyaient assises, devant elle, maintes belles vierges. La très haute dame était tout entière à sa douleur. Le vêtement qui couvrait sa poitrine était humide de larmes brûlantes. Le noble margrave vit bien l’affliction de Kriemhilt.

L’illustre envoyé prit la parole : — « Très noble fille de roi, permettez à moi et à mes compagnons qui sont venus avec moi, de nous tenir debout devant vous, suivant la coutume, et d’exposer la mission qui nous a fait chevaucher jusqu’ici. »

— « II vous est permis, répondit la reine, de dire ce que vous voulez. Je suis disposée à vous écouter très volontiers, car vous êtes un envoyé digne d’estime. » Les autres entendaient bien que son intention était de ne pas céder.

Le chef Ruedigêr de Bechlâren parla : — « Animé d’un grand amour, ô dame, Etzel le puissant roi envoie