Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/195

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Elle se disait aussi : — Puisqu’Etzel a tant de guerriers, je ferai ce que je voudrai quand je les commanderai. Il est si riche, que j’aurai de quoi donner. Ah ! le cruel Hagene m’a dépouillée de tout mon bien ! »

Elle dit à Ruedigêr : — « Si je n’avais point appris qu’il est païen, volontiers je me serais rendue à ses désirs et je l’eusse pris pour époux. » Le margrave répondit : — « Ô dame, laissez-là ce discours.

« II n’est pas complètement païen, soyez en sûre. Il était presque converti, mon cher maître, quand il s’est derechef éloigné de la foi. Si vous consentiez à l’aimer, ô dame, il y aurait encore de l’espoir.

« II a tant de guerriers chrétiens, que jamais nul ennui ne vous atteindra près du roi. Qui sait ? peut-être l’amènerez-vous à se faire baptiser ; c’est un motif pour désirer de devenir la femme du roi Etzel. »

Alors ses frères parlèrent : — « Promettez-le, ô ma sœur, et arrachez-vous à votre affliction. » Ils la supplièrent si longtemps, qu’enfin sa triste bouche promit, en présence de ces héros, qu’elle serait la femme d’Etzel.

Elle dit : — « Je vous suivrai, moi, reine infortunée. Je partirai pour le pays des Hiunen aussitôt que possible, si j’avais des amis pour me conduire en ce pays. » Et la belle Kriemhilt offrit sa main aux guerriers.

Le margrave répondit : — « Si vous avez seulement deux hommes, moi j’en ajouterai un grand nombre, et nous parviendrons à vous conduire avec honneur au delà du Rhin. Il n’est point nécessaire, ô dame, que vous restiez plus longtemps parmi les Burgondes.

« J’ai cinq cents hommes et mes parents, qui vous serviront à votre volonté ici et quand nous serons arrivés là--