Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/308

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donc permis à des héros de mentir ? Je méprise cette manière d’agir : mille guerriers bien armés ou plus marchent avec lui. »

— « Ne m’accuse pas de mentir, dit l’homme-lige de Hâwart. Je suis prêt à faire ce à quoi je me suis engagé : nulle terreur ne m’y fera renoncer. Quelque terrible que soit Hagene, seul je lutterai contre lui ! »

Irinc supplia instamment ses parents et ses fidèles de le laisser combattre seul le héros ; ils y consentirent à regret, car ils connaissaient la grande valeur de Hagene du pays burgonde.

Pourtant il les pria si longtemps qu’à la fin ils cédèrent. Quand ses compagnons virent sa ferme volonté et qu’il recherchait de l’honneur, ils le laissèrent aller. Un terrible combat s’engagea entre eux deux.

Irinc du Tenemark portait haut la pique et il se couvrait de son bouclier, ce noble et valeureux guerrier. Il remonta les degrés de la salle pour rejoindre Hagene. Un effroyable fracas s’éleva, aux coups des combattants.

Leurs bras lancèrent les piques, à travers les épais boucliers, jusque sur leur armure polie et avec tant de force que les bois des javelots volèrent au loin. Ces deux vaillants hommes, animés par la colère, saisirent leurs épées.

La force de l’audacieux Hagene était extraordinairement grande. Irinc asséna sur lui des coups si violents que toute la salle en résonna. Le palais et les tours retentissaient de ces terribles chocs. Mais le guerrier ne put venir à bout de son dessein.

Irinc quitta Hagene sans l’avoir blessé. Il se mit à marcher vers le ménestrel, croyant pouvoir le vaincre par la