Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/325

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fidélité, de ta constance et du serment que tu fis d’être toujours prêt à venger mes outrages et mes malheurs. »

Le margrave répondit : — « Je vous ai rarement refusé quelque chose. » Le puissant Etzel se mit aussi à supplier. Tous deux se jetèrent aux pieds du guerrier. On vit le noble margrave l’âme profondément troublée. Ce très loyal héros parla lamentablement :

— « Malheur à moi, abandonné de Dieu, d’avoir vécu jusqu’à ce jour ! Il faut que je renonce à mon honneur, à ma loyauté et aux vertus que Dieu m’a commandées. Hélas ! Dieu du ciel ! pourquoi la mort ne peut-elle m’enlever ?

« Quel que soit le parti que je repousse ou que j’embrasse, j’aurai mal et très méchamment agi. Et si j’abandonne à la fois la reine et ses frères, tout le monde me le reprochera. Oh ! que celui qui m’a donné la vie, m’éclaire en ce moment ! »

Le roi et la reine aussi le supplièrent avec instances. Il s’ensuivit que maints guerriers perdirent la vie de la main de Ruedigêr et que lui-même succomba. Vous pouvez entendre maintenant comment il périt lamentablement.

Il savait qu’il ne pouvait lui en revenir que dommage et profonde affliction. Ah ! qu’il eût volontiers refusé à la reine et au roi ! Il craignait beaucoup, s’il tuait un de ses hôtes, de devenir odieux à tout le monde.

Il dit au roi, cet homme très hardi : — « Seigneur roi, reprenez tout ce que j’ai eu de vous, terres et burgs ; je n’en veux rien garder ; je préfère aller pieds nus en pays étranger !

« Dépouillé de tout bien, je quitterai vos terres, pre-